Les 45 ans de Vidéographe
Un survol des 10 premières années de Vidéographe à l'occasion de ses 45 ans.
Conservatrice à Vidéographe depuis 2015.
Liste des œuvres au programme
Cerveau derrière Vithèque, Vidéographe fête cette année ses 45 ans d'organisme indépendant. Initié comme un projet de l'Office national du film (ONF) en 1971, Vidéographe reçoit ses lettres patentes le 9 avril 1973. C'est l'un des plus anciens centres dédiés à la vidéo, et l'un des rares toujours en activité, avec Experimental Television Center ou Electronic Arts Intermix.
Ce programme souligne les différentes démarches qui coexistaient au sein de Vidéographe lors de sa première décennie : documentaire social, expérimentations techniques, documentaire sur l'art, commentaire sur l'actualité internationale, etc. Il se veut aussi un salut à ceux et celles qui ont fait l'histoire de Vidéographe et de la vidéo au Québec.
Petite histoire de Vidéographe
1971
Vidéographe ouvre ses locaux sur la rue St-Denis, sous l’impulsion de Robert Forget. Le centre est un projet de l’Office national du film (ONF) qui vise à démocratiser la production et la diffusion de vidéos. Il est en quelque sorte une radicalisation de l’expérience Société Nouvelle / Challenge for change. Vidéographe comprend un atelier de production vidéo, un vidéothéâtre, une vidéothèque, et un laboratoire de recherches techniques.
1973
L’ONF se retire de l’aventure et Robert Forget, Michel Cartier, Jean-Paul Lafrance, Louis Martin et Robert Russel procèdent à l’incorporation de Vidéographe qui devient un organisme indépendant le 9 avril 1973.
Les années 1970
Vidéographe devient un modèle phare pour la production vidéo avec son laboratoire d’expérimentation, son espace de diffusion et sa communauté active. Les membres sont animés par l’envie de créer et des gens de divers milieux (artistique, syndical, socioculturel) s’y côtoient. La production vidéo ne cesse d’augmenter en nombre et en popularité. Vidéographe acquiert une reconnaissance internationale grâce à ses développements technologiques, dont l’éditomètre qui est par la suite commercialisé. En partenariat avec Vidéotron, Vidéographe développe également le Sélectovision, un projet de télévision sur demande. L’organisme met en place un réseau de distribution pour la vidéo indépendante. Ce réseau servira par la suite de modèle aux distributeurs canadiens et européens.
Malgré ces années riches en projets et en innovation, deux crises financières secouent le centre au cours de la décennie (1973, 1976). En faillite, le centre doit temporairement fermer ses portes en 1976.
Les années 1980
Le vent tourne et Vidéographe remporte un lot de bingo de 200 000$. Le déficit est comblé en 1981. Vidéographe achète un immeuble de deux étages en plein coeur du Plateau Mont-Royal, un quartier dynamique et densément peuplé de Montréal (1981). L'immeuble, sis au 4550 Garnier, est toujours occupé par l’organisme.
La vidéo prend de plus en plus de place dans le milieu du cinéma et des arts visuels. Vidéographe collabore à plusieurs événements avec les autres organismes actifs à cette époque, notamment l’exposition Vidéo 84 – Rencontres vidéo internationales de Montréal qui marque une étape importante de l’histoire de la vidéo au Québec.
Les années 1990
L’édifice de Vidéographe est rénové afin d’y installer des salles de montage numériques à la fine pointe de la technologie. En 1998, l’Espace Vidéographe, un lieu d’exposition dédié aux arts médiatiques, ouvre ses portes au centre-ville de Montréal.
Le Service de gestion des documents et catalogage de l’importante collection de Vidéographe est mis sur pied. Les trois fonds : Vidéographe, TVC-4 (Saint-Jérôme) et Sonographe sont constitués et confiés à la Cinémathèque québécoise et à la Sonothèque. Suite à la fermeture de la Sonothèque, le fonds Sonographe est repris par le laboratoire de création et de recherche La création sonore.
Les années 2000
Vidéographe crée le PARC, un laboratoire réunissant artistes, programmeurs et électrotechniciens et donnant accès à des infrastructures destinées à la recherche et à la production en arts numériques, interactifs et électroniques. Vidéographe produit les coffrets DVD consacrés à Robert Morin, Pierre Falardeau et Julien Poulin, Charles Guilbert et Serge Murphy, ainsi que Donigan Cumming. Un recueil d’entretiens avec Robert Morin et une monographie portant sur l’oeuvre de Sylvie Laliberté sont également publiés. En 2008, Vidéographe amorce le projet Vithèque, une plateforme novatrice de diffusion en ligne. Un litige avec le partenaire technique de Vidéographe entraîne le centre dans une crise financière et organisationnelle.
Les années 2010
Vithèque, lancé en 2010, est revu et amélioré en 2017 afin de permettre une meilleure accessibilité aux oeuvres.
Après quelques années difficiles, un vaste chantier de réflexion mène au repositionnement de Vidéographe au sein de son secteur. Le centre axe ses interventions sur la diffusion et la distribution et met en place de nouvelles initiatives pour favoriser la recherche, la diffusion et l’éducation dans sa discipline. Afin de réaliser ses nouvelles orientations, des partenariats fructueux sont établis avec des organismes artistiques et communautaires montréalais. La santé administrative et financière de Vidéographe est rétablie.
Aujourd’hui
Vidéographe conserve et diffuse une collection de plus de 2 250 vidéos réalisées par plus de 800 artistes et citoyen.nes engagé.es. Il assure le rayonnement national et international de ces oeuvres par la distribution et la programmation dans les festivals, galeries, musées, collèges et universités, ainsi que via internet. Indéniable patrimoine culturel, sa collection vidéo est l’une des plus importantes au Canada. Elle permet de mettre en lumière les enjeux artistiques et les mouvements sociaux qui forgent le Québec et le Canada
depuis les années 1970.
Vidéographe est également un lieu vivant de recherche et de perfectionnement pour les artistes. Son offre de programmes de résidences, de formations, d’espaces de travail et d’accompagnement favorise l’expérimentation des artistes et la transmission des connaissances. Vidéographe multiplie les opportunités de rencontres et d’échanges entre artistes, commissaires et chercheurs de manière à animer sa communauté tout en favorisant le développement des pratiques et des savoirs. En ce sens, Vidéographe effectue une veille technologique constante afin de raffiner ses services et de développer des stratégies innovantes pour soutenir les artistes.
Vidéographe défend l’accessibilité à la culture. Le centre diversifie ses stratégies de diffusion afin de rejoindre tant les spécialistes, que les étudiants et le grand public et contribue ainsi à une meilleure appréciation du patrimoine culturel québécois et canadien. Il propose notamment une programmation régulière de projections et d’expositions ainsi que des activités de médiation et d’exploration numérique s’adressant aux adolescent.es.
Voir aussi : Bibliographie sur Vidéographe
Image : Vidéographe, Sélectovision, 1972