Donigan Cumming: L’oeil indomptable

7 mai 2020 au 7 août 2020
 
Description

Ce programme présente quelques-unes des stratégies par lesquelles Donigan Cumming mine le documentaire de l’intérieur.

Commissariat
Julie Tremble & Donigan Cumming

Directrice générale de Vidéographe depuis 2015, Julie Tremble est également une artiste de la vidéo et de l’animation.

Durée du programme
62:00

Liste des œuvres au programme

L’oeil indomptable

Par Julie Tremble

Présenté par Vidéographe et Dazibao dans le cadre des soirées dv_vd, ce programme accompagne le lancement de Corps-à-corps: l’œuvre de Donigan Cumming, première parution d’une nouvelle série de publications et de coffrets numériques éditée par Vidéographe.

Ce programme présente quelques-unes des stratégies avec lesquelles Donigan Cumming mine le documentaire de l’intérieur : radicalisme des situations filmées, mise en scène affirmée, direction d’acteurs à l’écran, autofilmage et référence explicite à des procédés cinématographiques.

Dans My Dinner with Weegee, un mi-septuagénaire, Marty, raconte sa vie à New York comme jeune syndicaliste catholique et comme pacifiste et ressasse ses rencontres avec plusieurs artistes et activistes. À la lumière des propos que lui lance le vieil homme, Cumming se rappelle son propre radicalisme. Le documentaire est formé de scènes saisissantes où l’artiste présente crûment les différentes facettes de Marty, par moment orateur brillant et à d’autres alcoolique désœuvré. L’artiste traite ici le temps de façon non linéaire de manière à faire exister ces états presque simultanément. On passe ainsi abruptement de l’intellectuel à l’homme malade et inversement, cette proximité dans le montage faisant ressortir le contraste flagrant entre ces conditions. Marty semble ainsi condamné à cette boucle inexorable et mortelle.

Cumming défie également les conventions du cinéma documentaire par l’utilisation de répétitions et de la distanciation du son et de l’image dans l’œuvre Wrap où le personnage, Gordie, raconte l’histoire d’une agression. Deux enregistrements sonores se succèdent. Dans le premier, qui est en synchronie avec l’image, le protagoniste simule de manière convaincante un bégaiement. Ce dernier agit comme une représentation audio des problèmes techniques du second enregistrement, un fichier numérique dégradé tiré de la vidéo Voix : off qui met également Gordie en scène.

Dans Shelter, l’artiste expose les relations de pouvoir qui se jouent entre l’observateur et l’observé dans la représentation documentaire conventionnelle des défavorisés. L’œuvre montre une mystérieuse rencontre entre Cumming et un homme blessé et réfugié dans un abribus. L’artiste s’informe de l’état de l’homme, mais se désintéresse rapidement de l’histoire racontée par ce dernier. Dans les trois minutes que dure la vidéo, le discours de Cumming passe de l’empathie à la moquerie et au non-sens. Après avoir capté le son nécessaire à son œuvre, l’artiste quitte la scène sans regarder derrière lui.

Le programme se clôt par Les sept merveilles du monde, l’œuvre la plus récente de Cumming qui est élaborée à partir d’une compilation d’observations, de rencontres et de moments volés. L’artiste combine ici prise de vue réelle, dessin et animation, et utilise la surimpression et le ralenti dans un montage expressif. Ce collage documentaire agit comme une protestation absurde, mais néanmoins passionnée, contre la maladie et la mort.

Préparé en collaboration avec Donigan Cumming et Marion Lévesque-Albert.

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Ce programme accompagne le lancement de Corps-à-corps : l’œuvre de Donigan Cumming, première parution d’une nouvelle série de publications et de coffrets numériques éditée par Vidéographe. Réunissant les 26 vidéos de Donigan Cumming produites à ce jour, ainsi que des images de ses installations, photographies, dessins et collages, cette publication privilégie une approche interdisciplinaire afin de faire apparaître les liens unissant les différents corpus de l’artiste. Elle comprend notamment des essais par Zoë Tousignant et Fabrice Montal qui examinent son œuvre sous les angles de l’histoire de l’art et du cinéma; une entrevue audio avec l’artiste menée par Jean Perret; et des œuvres sonores.

Les textes et documents sélectionnés permettent de saisir la ferveur créative de Cumming, sa volonté de toujours déstabiliser et de puiser sans répit aux marges de la société, du regardable et de ses propres œuvres.

La production de cette publication est rendue possible grâce au soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec.

Photo : Donigan Cumming, My Dinner with Weegee, 2001

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