Une courte leçon
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Dans Une courte leçon, court-métrage d'une minute, deux séquences-son en off se superposent à l'image : d'abord un dialogue extrait de Sullivan's Travels, dans lequel un réalisateur s'entend reprocher sa naïveté ainsi qu'un certain voyeurisme à vouloir réaliser un film sur « les pauvres ». Suit une anecdote à propos de James Agée, critique cinématographique bien connu : ivre la plupart du temps, il s'endormait au cinéma et écrivait ses articles pour Time Magazine sur la base de résumés fournis par un collègue ami.

Pendant ce temps, la caméra promène son oeil impitoyable sur le visage d'un vieil homme, examine la racine des (rares) cheveux, le verre (gras) des lunettes, le nez parsemé de comédons, les lèvres ourlées de pustules, avant de s'arrêter sur la bouche. Détachés de leur contexte naturel, ces organes acquièrent un statut particulier: ils deviennent des entités individuelles, semblent vivre par eux-mêmes et témoignent par leur aspect de leur propre décrépitude.

Forcé qu'il est de détailler ainsi ce visage ravagé, le spectateur éprouve rapidement un malaise bien naturel. Ce trouble, prémédité par Cumming, fait écho à la conversation du début du film et sonne également comme une riposte à ceux qui l'accusent de voyeurisme.

D'une ironie mordante, cette « courte leçon » est à prendre comme l'amorce d'une discussion sur la responsabilité du cinéaste, ainsi que sur le rôle du spectateur et de la critique. 

Sophie Guyot, Visions du réel, 2002

2000
Canada
1:18
Langue originale
Anglais
Sous-titres
Français

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Générique/Crédits

Réalisation
Donigan Cumming
Production
Donigan Cumming

Informations techniques

Couleur
Couleur
Son
Stéréo

Documentation

Images
Mots clés
Pauvreté, Cinéma, visage

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