«Je suis terrifié·e à l'idée de modifier mes souvenirs. » Les engrammes sont des empreintes cérébrales que nous donnent chacune de nos expériences. Cet essai vidéo a commencé avec une conversation entre An-Laurence Higgins et Aaron Pollard, deux artistes montréalais de générations différentes, aux origines culturelles et linguistiques distinctes. Cette conversation est centrée autour d’une préoccupation partagée sur la manière dont la mémoire construit l'identité, sur la façon dont les histoires auxquelles nous nous accrochons évoluent dans le temps et dans l'espace, et comment les expériences apparemment indélébiles sont transformées et perdues dans notre esprit. La réalisation de cette œuvre a coïncidé avec la deuxième année de la pandémie de COVID-19. Ceci et d'autres circonstances mondiales ont suscité une attention internationale sur l'écologie, l'impact humain sur la planète dans son ensemble et la vitalité acquise du temps passé à l'extérieur dans les éléments. Le monde naturel figure en bonne place dans Engramme. L'humanité n'apparaît que furtivement devant l'objectif, pourtant une empreinte anthropique est toujours présente dans son cadrage, ses sons, ses paroles et ses mouvements. À travers une séquence de scènes, de musique et de textes, Higgins et Pollard proposent une dialectique d'éléments composés et assemblés au cours du printemps, de l'été et de l'automne 2021. Ce qui en ressort est d’un côté une éthique partagée de disponibilisme, les artistes ayant collectionné le matériel visuel avec une variété de petites caméras et appareils, et d’un autre côté une approche en calques de l'image et du son suivant une logique poétique.