Si seulement je
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Longtemps photographe des corps, Donigan Cumming réalise depuis cinq ans les portraits sans concession d'êtres douloureusement éprouvés par la vie. Dans Si seulement je réapparaît Colin, l'ange de son précédent film, L’ange capricieux. Colin a recueilli dans son studio une femme, Colleen, oiseau tombé du nid, un jour où le suicide semblait l'unique issue. Elle vit désormais en fauteuil roulant et Cumming documente l'aube de sa nouvelle vie. La première séquence où Colleen entreprend l'évocation de son passé donne son titre au film. Si seulement je n'avais pas quitté mon mari, si seulement je ne m'étais pas attachée à cet autre homme. Ainsi entame-t-elle le processus de réécriture de son histoire, de ses tragédies comme elle dit. Comment Cumming parvient-il à créer une atmosphère de confiance telle qu'une seule de ses questions suffit à amener l'apparente douce énonciation de tant d'expériences violentes, comme la dépendance, l'inceste ou le suicide ? Au cœur de son dispositif cinématographique, le gros plan parvient aux limites du supportable lorsqu'une cicatrice ou un visage ravagé paraissent avec insistance sur l'écran. Car Cumming ne cache rien du quotidien de ce couple atypique. Il laisse s'exprimer en de longs plans toute la colère et l'amertume de ses personnages.

Ce n'est pourtant pas le « plaisir » de voir qui nous retient, mais le trouble de la réalité crue qui se déploie et la rigueur des méthodes d'appréhension du réel. Le travail de mise en image abandonne tout concept décoratif pour devenir au sens propre du mot un langage directement communicatif. Cumming choisit la mise en scène la plus proche de la parole afin de ne pas conduire à une dissolution du verbe, à une érosion de son sens. Il nous atteint évidemment avec force, nous dérange, et sa quête cinématographique, parfois qualifiée de « vidéo de la cruauté » en référence à la conception du corps au théâtre chez Artaud, semble conduire le documentaire dans ses derniers retranchements. Provocant pour le spectateur, mais définitivement inscrit dans une démarche d'auteur très cohérente, ce film présente une réalité sans fard, âpre, qui s'insinue et vous habite longtemps.

Yann-Olivier Wicht, Visions du réel, 2002

2000
Canada
35:00
Langue originale
Anglais
Sous-titres
Français

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Générique/Crédits

Réalisation
Donigan Cumming
Participation
Colleen Faber
Colin Kane
Traduction
Jérôme Blanchet
Production
Donigan Cumming

Informations techniques

Couleur
Couleur
Format d’image
4:3
Son
Stéréo

Documentation

Images
Mots clés
Alcoolisme, Regret, Excès, Adversité, Handicap, Introspection

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