Dans terra incognita, plusieurs intervenants n'syilx'cen (okanagan) racontent des fragments de l'histoire de la région de Kelowna avant, pendant et après le contact avec les colonisateurs. L'œuvre crée des connexions et des corrélations entre la réalité contemporaine des Premières Nations et les périodes d'extermination-désintégration, d'assimilation et de marginalisation qui ont précédé. Des sites d'importance sociale et historique se retrouvent juxtaposés aux réalités actuelles du « paysage » de la région. Le film devient une œuvre expérientielle qui ne se présente pas comme une enquête exhaustive, mais plutôt comme un tamisage du présent et de ses couches de temps. Il en ressort une réflexion incomplète mais pénétrante sur l'histoire vécue et survécue de la région. À travers ces différents récits s'étendant sur plusieurs générations, le familier et l'historique se conjuguent et font apparaître le disparu sous la surface de ce qui existe. Ces histoires exhument notre relation souvent problématique avec les complexités du passé et interrogent notre présence sur ces lieux aux côtés de celle de ses habitants d'origine.

 

 

Cette vidéo a été commandée à l'origine par la ville de Kelowna, en Colombie-Britannique, dans le cadre des célébrations du centenaire de 2005. Après avoir vu le film, le comité d’art public de la ville l’a toutefois jugé « trop peu festif » et a annulé la commande, ainsi que l'intégralité du projet des Transmissions Temporelles parrainé par la Alternator Gallery de Kelowna. Ainsi se prolonge l'héritage colonial dans la vie quotidienne et dans les affaires de l’État : la voix des sujets du colonialisme menace le statu quo et est rejetée de la sphère publique. L'espace de cette bande vidéo leur revient donc à part entière et s'avère un site discursif à reconquérir. Avec le temps, terra incognita est devenu un outil employé par les agents de liaison autochtones dans tout le district scolaire local et par les enseignants des cours d'études autochtones.