Entretien avec Alexandre Roy

Comment est née l’idée de Tigre, un projet qui associe un film d’animation expérimentale sur pellicule et la musique rock?

Tigre a été réalisé dans le cadre d’un Kino Kabaret, un événe-ment durant lequel les réalisateurs doivent produire un film dans un très court laps de temps. Dans ce cas-ci, les films bénéficiaient d’une trame sonore jouée «live» (durant la projection) par Dumas et ses musiciens. J’ai donc choisi de faire un film abstrait, au visuel énergique, pour laisser le plus de place possible à la musique. J’ai moi-même improvisé le film directement sur la pellicule, en écoutant la musique de Dumas.

Le dessin sur pellicule est-il votre spécialité ou pratiquez-vous d’autre « mode » d’animation?

Depuis les dix dernières années, j’ai exploré plusieurs techniques d’animation. Tigre s’inscrit dans une démarche visant à trouver une technique qui permettrait de travailler avec la même liberté qu’en peinture ou en sculpture. En effet, le cinéma d’animation est un médium qui peut être très fastidieux : chaque image doit être créée une à la fois, 24 fois par seconde. En traitant la bande de pellicule comme une mince «toile», cela me permet de tra-vailler avec une liberté de geste que je trouve particulièrement libératrice.

Norman McLaren a été très influencé par la musique jazz dans sa pratique de l’animation. Est-ce que le rock ou la musique en générale font partie inhérente de votre praitique?

Plusieurs films d’animation expérimentaux utilisent des trames sonores jazz, classiques ou contemporaines. Il s’agit souvent de pièces «sérieuses» ou «savantes». Je trouvais amusant l’idée d’associer une musique beaucoup moins «propre» à l’animation sur pellicule, dont l’aspect visuel peut être assez chaotique et aléatoire. J’ai d’ailleurs décidé de poursuivre l’expérience avec Ours et Reptile. Ces films seront aussi accompagnés de trames sonores rock, dont le rythme sera en lien avec l’animal choisi. Je compte participer à la composition de ces musiques.

-Vidéographe, 2013