C'est l'histoire d'une rencontre entre deux êtres qu'a priori tout sépare, Hervé, un jeune homme propriétaire d'une chambre d'hôte, et son voisin Raoul, 54 ans, d'origine argentine, habité par – et parfois même enfermé dans – une mythologie et un monde à lui. Passionné de cinéma, Raoul pense que les acteurs sont des dieux : parfois, ils meurent dans un film et réapparaissent dans un autre… Lorsque Hervé rencontre Raoul pour la première fois, Raoul est à genoux, en train de peigner sa pelouse brin par brin... Il l'invite à entrer chez lui, et une amitié s'ensuit. Ces images véritablement autobiographiques, tournées sur une année, sans l'aide d'un tiers, ont servi à raconter et à réinterpréter l'histoire de cette amitié, et à réaliser ce documentaire intitulé Don Raoul. On y voit à la fois le portrait touchant de Raoul, de ses manières d'être et de ses langages, et à la fois le portrait de son partenaire, Hervé, lui aussi touchant par son extraordinaire naïveté à vouloir, à trop vouloir, aider son ami. Une tentative d'amitié qui est aussi une réflexion sur la difficulté du don.
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Commentaire de Claire Valade, Critique cinématographique québécoise
Il y a à la fois une grande tendresse et un grand malaise qui se dégagent de cette bande. Dans son envie de filmer Raoul, son singulier voisin, et d’en tracer un portrait, pour ne pas oublier cet être si original et énigmatique, Hervé Misserey témoigne certainement de son amitié croissante avec celui-ci et de sa compassion véritable pour cet homme-enfant excentrique et insaisissable, mais il témoigne aussi de la cruauté ultime de cette relation vouée à l’échec dès le départ. Dans son désir sincère d’aider Raoul, de le sortir de sa misère, Misserey comprend trop tard que l’homme ne se sent bien que dans le monde qu’il s’est imaginé, qu’il ne souhaite qu’aider les gens autour de lui et qu’il ne veut tout simplement pas vivre dans le monde réel. Une œuvre aussi belle et émouvante que brutale et troublante.