«Rodrigue Jean donne la parole à ceux qui ont failli se noyer dans les eaux. Le récit de leurs catastrophes et des leçons qu’ils en tirent nous donne à penser que la vie naît de l’eau et qu’elle se poursuit un peu comme une rivière. Nous naissons un peu comme une source, puis cette source se transforme en ruisseau, nous traversons des forêts, faisons notre parcours autour des obstacles pour enfin aboutir à la rivière où les eaux se mélangent, comme dans une conscience nouvelle et limpide. Il y a un proverbe qui dit : « Ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières », comme quoi nous participons tous à constituer quelque chose qui nous dépasse, et qui nous porte vers quelque chose de plus grand encore. C’est peut-être ça la voix des rivières, une voix surgie de nos rêves, qui nous parle toute notre vie et qui se fait présente et pressante au moment où nous allons nous fondre dans la rivière, nous qui sommes venus des profondeurs de la terre pour traverser des terres arides et aboutir au destin fluide et limpide d’un parcours sans cesse refait ».
Herménégilde Chiasson
Générique/Crédits
Informations techniques
Documentation
Commentaire de Claire Valade, Critique cinématographique québécoise
Même si un acte de violence n’a pas été commis, il demeure que la mort par noyade est d’une violence indicible de par sa brutalité, pour ceux qui restent comme, on l’imagine trop bien, pour la personne qui se noie. Rodrigue Jean capte à la fois l’effroi et la fascination qu’exerce l’eau sur ceux qui ont appris à vivre en symbiose avec elle à cause de leur environnement ou de leur travail, mais aussi la douleur du souvenir et l’étrange sérénité qui s’installe au fil du temps, comme au fil de l’eau. Un très beau film qui fait étrangement écho à Comment vs dirais je? de Louis Dionne : sur un ton et dans un style diamétralement opposés, ces deux films se parlent et il est intéressant d’accompagner le visionnement de l’un par l’autre.