Dans les années 1950, un grand nombre d’enregistreurs amateurs arpentaient le pays munis de dispositifs d’enregistrement portatifs pour immortaliser les sons, les images, la musique et la culture de la société américaine d’après-guerre, qui vivait alors une période de grands changements. Plusieurs de ces enregistreurs se sont dirigés vers le Sud, en particulier vers les Appalaches, pour enregistrer les voix d’une culture qui s’était développée loin de la technologie et qui était désormais en voie de disparition. Les enregistrements étaient souvent faits chez l’artiste, c’est‑à‑dire dans son salon, sur sa véranda ou même dans les champs où il travaillait. C’est la raison pour laquelle les enregistrements de musique américaine traditionnelle parlent autant de chanson et de célébration que de contexte : le lieu, l’époque, la raison d’être.

Dark Holler est une vidéo d’observation de 30 minutes enregistrée sur la montagne Pine dans les terrains houillers de l’Est du Kentucky. Sa bande sonore est composée de paysages sonores environnementaux, d’enregistrements sur le terrain, de collages sonores et de réinterprétations de la musique traditionnelle du cœur des Appalaches. La montagne Pine est en quelque sorte une anomalie dans cette région, ayant survécu aux effets de l’exploitation minière du charbon. Sa survie est due au fait que rien ne peut en être extrait. Elle a aussi accueilli pendant des siècles des pratiques musicales, orales et religieuses qui entretiennent des liens complexes avec le progrès industriel et la détérioration environnementale. À la fois un lieu de traditions culturelles changeantes et un site contesté de production industrielle et de résistance sociale, la montagne Pine est un microcosme pour explorer les liens entre l’industrie et l’environnement, le paysage et la culture vernaculaire, et le progrès et la préservation.

Remarque au sujet de la bande sonore : La bande sonore de Dark Holler est une version retravaillée du LP intitulé Old-Time Mountain Music and Other Songs de Never Met A Stranger (Jeremy Drummond et David Poolman).