Un documentaire fascinant sur l'homme, sa vie, son travail et comment il a changé le cours de l’histoire de l’art. Pulsations de couleurs, images aveuglantes, pellicule grattée, brûlée, filmée une deuxième fois et permutations audio. Paul Sharits est au cinéma ce que Pollock et Rothko sont à la peinture. Leurs oeuvres peuvent laisser indifférent mais nul doute qu’elles sont uniques. Après ses études en design visuel à l’Université de Denver au début des années 1960, Sharits développa une fascination pour la pellicule 16mm et le défilement des 24 photogrammes devant l’ampoule du projecteur. Il voulut explorer l’espace qui se trouve entre le spectateur et l’écran. Même s’il fut acclamé pour des films comme Ray Gun Virus ou T,O,U,C,H,I,N,G, il ne rencontra jamais le succès financier ni la reconnaissance qu’il méritait et mourut sans argent et dans des circonstances mystérieuses en 1993. C’était un personnage tourmenté, ayant souffert du suicide de ses proches et de troubles bipolaires. La violence de son mal-être résonne dans ses films.
L’auteur de cinéma expérimental François Miron (The Evil Surprise, The 4th Life, Resolving Power) nous offre un documentaire fascinant sur cet homme, interrogeant sa famille, ses collègues et des spécialistes des mouvements d’avant-garde en art, exploitant des éléments provenant de musées, de fonds d’archives et de collections privées encore jamais dévoilés.
Dans un style qui lui est propre, Miron a fait un film qui alterne avec fluidité entre les films de Sharits et les entrevues parmi une myriade d’effets de flicker, de couleur psychédélique, recourant à des jump cuts, des écrans séparés et des boucles pour raconter l’histoire de cet homme et de ses films. Plus qu’un documentaire, c’est une oeuvre expérimentale à l’image du travail de Sharits, qui embarque le spectateur dans un voyage impressionniste à l’intérieur de son esprit afin d’expliquer d’où venaient ses idées et comment elles ont influencé toute une génération de cinéastes et changé à jamais l’histoire de l’art.