Ce film n’est pas une recette de techniques d’animation pour faire un film peint à la main sous l’objectif d’une caméra. Résultat d’une exploration longue et solitaire des techniques d’animation, il s’agit plutôt d’une façon originale et intime de révéler la « choséité » (Heidegger : Dinglichkeit) du médium artistique et cinématique, « la chose en soi » (Kant : Ding an sich), et de ne faire qu’un avec le monde. Bien que largement dépendante des technologies, de l’équipement et des progrès modernes, l’animation comme forme d’art devrait embrasser la « technē » dans son sens originel le plus large, comme moyen de dévoiler et de mettre en avant toute chose qui ne se révèle pas spontanément à nous. Teintée d’animisme, cette révélation est à la fois poétique, mystérieuse et autoréférentielle.